Les
Fouga Magister du Katanga. |
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Dessin de Daniel Despas | |||||||||||||||||||||||||||||||
Le
Fouga Magister … quel bel avion !!! Nous le connaissons tous, surtout
parce qu’il a illustré les heures glorieuses de nos très
célèbres « Reds Devils » , nos Diables Rouges
des Forces Aériennes Belges. |
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Le
Fouga Cm-170 Magister est un appareil biréacteurs biplace d’entraînement.
Son empennage caractéristique en « V » permet aux réacteurs
installés sur le dos de s’écouler sans aucun obstacle.
Le premier Fouga (un prototype) fit son vol d’essai en 1952. C’est
un planeur, le Fouga Cm-813 qui servira de base au projet. Dès
1953, le Cm-170 fut produit à de très nombreux exemplaires.
Son autonomie était relativement restreinte. De fait, à
8000 m, il ne pouvait parcourir que 900 km, soit 2h10 de vol (en gardant
120 litres de réserve de combustible). Il pouvait être équipé
de deux mitrailleuses de nez de 7,5 millimètres ou 7,62 millimètres.
Le Fouga Magister a été surnommé par les Forces Aériennes
Belges : « la tortue siffleuse ». |
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Les
Fouga Magister de la Force Aérienne Belge à Kamina. |
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A
partir de 1949, la base de Kamina (BAKA) accueillait le terminal militaire
de la Force Aérienne Belge au Congo. En 1953, la nouvelle piste
de Kamina était construite, idem en ce qui concerne la tour de
contrôle et les bâtiments de la future Ecole de Pilotage Avancé
(EPA). |
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BAKA
(la base de Kamina) était située en plein centre de l’Afrique
et avait été choisie pour des raisons stratégiques
en cas de conflit mondial. Et, puisque les conditions météo
étaient plus favorables pour l’entraînement des pilotes,
on y transfera l’Ecole de Pilotage Avancé basée jusqu’alors
à Brustem en Belgique. L’entraînement des pilotes s’effectuait
d’abord sur Harvard.
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C’est
le 18 janvier 1960 que le premier Fouga Magister (immatriculé MT-1)
arrive à BAKA, transporté par un C-119 (voir photo ci-dessus).
Six mois plus tard on pouvait dénombrer 20 Fouga sur le base de
Kamina (immatriculés MT-1 à MT-18 ainsi que le MT-23 et
le MT-24). Le 30 juin 1960, le Congo proclame son indépendance ! Des troubles éclatent un peu partout et les soldats se mutinent contre leurs supérieurs belges. Cette transition devait se passer en douceur, et ce fut loin d’en être le cas … troubles à Léo, mutineries à Thysville, pillages, déchirements entre le Kasaï et le Katanga, tueries, etc … la totale ! Le gouvernement belge décide alors d’envoyer des renforts afin de rapatrier ses ressortissants qui se trouvent dans les zones à risque. C’est les C-119, les DC-3 et les Alouette II qui se chargeront de leur évacuation. Les Harvard et les Fouga Magister seront chargés d’assurer la protection des avions d’évacuation. A cet effet, 6 Fouga (MT-4, MT-6, MT-10, MT-14, MT-17 et MT-18) seront équipés de deux mitrailleuses 7,5 mm dans le nez et de deux lance-roquettes sous les ailes. |
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Ci-dessus,
le MT-6 armé sur la base de BAKA (Kamina ) en juillet 1960. |
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Les
Fouga Cm-170 Magister effectuèrent donc des missions de reconnaissance
afin de découvrir et de protéger les Européens qui
étaient en danger et de leur venir ainsi en aide. Les opérations
belges au Katanga seront de courte durée … fin juillet 1960,
l’armée belge à Kamina, cèdera la place aux
troupes de l’ONU. Dès lors, tous les Fouga Magister retourneront à Brustem, en Belgique, afin de servir à l’école d’entraînement. La boucle était dès lors bouclée ! |
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Les
Fouga Magister de l’AVIKAT. |
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En
1960, après l’indépendance du Congo, la province du
Katanga se séparait et devenait une république indépendante,
mais pas pour longtemps. Le Président du Katanga, Moïse Tshombé
, commande 9 avions à Potez Air Fouga (la maison mère à
l’époque des Fouga Magister).
Trois appareils seulement lui seront livrés à la Luano (aérodrome d’Elisabethville). Le 15 février 1961, l’arrivée des trois Fouga katangais fut annoncée par le « Daily Mail » du 6 février 61. Le journaliste anglais semblait fort bien renseigné … Alors, le consulat américain entama des poursuites contre DREW, le directeur de « Seven Seas Airways » et un membre du consulat US d’Elisabethville interrogea les pilotes américains débarqués à la Luano avec le cargo Boeing C-97 … Doc. Jean-Pierre Sonck -> |
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Les
six Fouga Cm-170 Magister qui devait encore être livrés au
gouvernement katangais se trouvaient en octobre 1961 à Pointe Noire
(Congo Brazaville). Mais suite à l’embargo de l’ONU,
le navire les ramena à Anvers où ils furent pris en charge
par la douane. Dès lors, « on » a parlé de leur
vente à l’abbé Fulbert Youlou, puis en 1963, de leur
achat par la Tunisie … mais il semble qu’ils dormaient dans
un hangar de la Force Aérienne Belge où ils restèrent
en dépôt durant de longues années ( ??? Melsbroeck
– 20ème Win Tac ???) … |
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Passons en revue nos trois Fouga katangais … | |||||||||||||||||||||||||||||||
Le KAT 91. Il s’est crashé le 23 juin 1961 lors d’une manœuvre au-dessus de l’ancienne piste d’Eville. Très peu de documents photographiques existent à son sujet |
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Le
KAT 93. A lui aussi très peu volé … Son moteur était en réparation lorsque l’ONU a déclenché l’opération « Rhum Punch » le 28 août 1961 et qui visait à expulser le personnel étranger de la Gendarmerie et de l’Avikat. KAT 93 sera saisi par l’ONU fin août 1961. Ci-dessous, le Fouga Magister KAT 93 en face de la tour de contrôle de la Luano. |
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Doc. Jean-Pierre Sonck. | |||||||||||||||||||||||||||||||
Le
Fouga Magister KAT 93 sur le tarmac de la Luano. En place passager, le Président Moïse Tshombé. |
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Documents Jean-Pierre Sonck. | |||||||||||||||||||||||||||||||
Ci-contre,
le KAT 93 tracté à la Luano. |
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Le
Suédois qui pose sur le Fouga capturé à la Luano
est le colonel aviateur Sven Lampell, chef des opérations aériennes
de l'ONUC et chef du wing de chasse de l'ONU qui comprenait l'escadrille
"F22" de Saab J-29, l'escadrille de Sabre jet iraniens et l'escadrille
de Sabre jet éthiopiens. Note : Je me souviens très bien que lorsque j’accompagnais mon Père à la Luano, je jouais dans une épave de Fouga qui traînait dans les « matitis » à côté des deux hangars de l’époque … il devait très certainement s’agir de celui-ci. |
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Photo Sven Lampell | |||||||||||||||||||||||||||||||
Le
KAT 92.
Certificat
de navigabilité (c/n) numéro 295. |
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Le
Kat 92 a opéré du 14 au 19 septembre 1961 contre les forces
de l’ONU. Mais lors du second round (décembre 61), lors d’une
attaque aérienne, les bombardiers Camberra indiens de l’ONU
l’ont définitivement cloué au sol à Kolwezi. Endommagé, il sera évacué par le chemin de fer, le 5 décembre 1961, à Kisenge où il attendra des pièces de rechange. |
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Grâce
à cet unique appareil d’entraînement, basé à
Kolwezi, la « chasse » katangaise a fait paniquer les Nations-Unies.
Le KAT 92 se livrait à de rapides survols des positions de l’ONU,
lâchant çà et là quelques petites bombes bricolées.
Ces interventions remontent le moral des troupes katangaises et sèment
dans les rangs des Casques Bleus la consternation. Les « cabrioles
» du pilote du Fouga étaient un excellent moyen de guerre
psychologique auprès des soldats de l’ONU. |
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Le Fouga joua aussi un rôle essentiel dans la reddition des Irlandais à Jadotville et dans le siège de Kamina par les guerriers Balubas pro-Tshombé. | |||||||||||||||||||||||||||||||
ET
LES PILOTES ??? Un mercenaire belge, le Major Joseph DELIN (voir photo ci-contre) fut toujours présenté comme ayant été le pilote en titre du KAT 92 … il n’en est rien ! En fait Delin n’avait rien à voir avec le pilotage du Fouga ; il dirigeait la base de Kolwezi ! Le seul véritable pilote du Fouga était le Belge José MAGAIN qui avait volé à la Force Aérienne Belge. Joseph Delin ne faisait que l’accompagner comme co-pilote. Mais lorsque les journalites et les photographes se pointèrent à Kolwezi, José MAGAIN disparut … car personne ne pouvait savoir qu’il avait pris les commandes du Fouga Magister. De fait, en réalité il ne devait plus se trouver au Katanga et aurait dû normalement rentrer en Belgique le 28 août 1961 tout comme les autres membres de l’Avikat expulsés par l’ONU (opération « Rhum Punch ») ou rappelés par le gouvernement belge. Petite anecdote : le pilote du KAT 92 était surnommé « Le rôdeur solitaire » car il volait souvent seul ! |
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Le
capitaine Jean-Marie NGOSA, chef de l'Avikat depuis septembre 1961, a
forcé DELIN à donner sa démission le 30 novembre
1961 suite à une mésentente. A cette époque, il ne
restait plus que cinq officiers belges en service au Katanga : le cdt
LAMOULINE et son adjoint au service de Kasongo Niembo à Kamina
ainsi que les dénommés MAGAIN, TROUSSON et VERLOO à
Kolwezi. Ils avaient refusé d'obéir à l'ordre de
rapatriement du gouvernement belge en septembre 61. |
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Version
de J. Delin sur le Fouga Kat 92 :
Ce
Fouga était le seul utilisable (…) De fait, il ne restait
que celui basé à Kolwezi. Il fallut tout improviser. Pour
l’unique Fouga, on organisa avec les moyens du bord, la fabrication
de bombes de 50 kgs et un primitif système de largage et de visée. |
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Faute
de munitions de 7,50 mm pour les mitrailleuses d’entraînement,
on décida d’utiliser du calibre 7,62 britanique après
avoir alésé les canons. En à peu près 50 missions,
on détruira un DC-6, un DC-4, un DC-3, une douzaine de camions
et des installations radio de l’ONU. La fin de chacune de ces missions
était ponctuée d’un message à la tour de contrôle
tenue par l’ONU : « A bientôt Messieurs ; je me ferai
un plaisir de venir vous revoir ! ». |
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L’escadrille
« fantôme » était faite d’avions factices
en bois , déposés sur des tréteaux et disposés
sur la piste de Kolwezi. (voir photo ci-dessus) |
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La triste « affaire » Hammarksjöld. | |||||||||||||||||||||||||||||||
L’événement
qui a surtout retenu l’attention sur le KAT 92 est l’accident
du DC-6 de Dag Hammarksjöld, le 17 septembre 1961.
Dag Hammarksjöld était le Secrétaire Général des Nations-Unies et était dépêché au Congo afin de tenter de résoudre la crise. Le soir du 17 septembre, son avion décolle de Léopoldville pour se rendre à N’Dola. Il s’y rendait dans le but d’y rencontrer Moïse Tshombé … |
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…
Le DC-6, « Albertina », n’atterrira jamais à
N’Dola et s’écrasera vers minuit sur une colline à
proximité de N’Dola. Dans un premier temps, on accusa le
Fouga Magister KAT 92 d’avoir abattu l’avion du Secrétaire
Général des Nations-Unies. C’est volontairement que je ne rentre pas dans les détails de cette sombre affaire, car elle fera l’objet d’un travail ultérieur plus approfondi de ma part !!! |
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Ci-contre
Le DC-6 « Albertina » immatriculé SE-BDY qui transporta
le secrétaire général de l’ONU Dag Hammarksjöld
le 17 septembre 1961. |
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Je
veux quand même terminer ce triste épisode en précisant
que la commission d’enquête internationale envoyée
sur place, par l’ONU, pour analyser les causes du crash, a conclu
que les raisons étaient certainement accidentelles. Cette même
commission internationale venant de Rhodésie se rendit à
Kolwezi le 20 octobre 1961 afin de contrôler l’activité
du Fouga KAT 92 le jour de la mort de Monsieur Hammarksjöld. Sur
place, le Major DELIN leur prouva que l’autonomie de l’appareil
était insuffisante pour atteindre N’Dola et qui plus est,
l’aérodrome de Kolwezi n’était pas équipé
pour les vols de nuit. Ce qui disculpa (officiellement), par la même
occasion, le pilote belge du Fouga, Joseph Delin … (officieusement)
nous savons depuis que c’était José MAGAIN qui était
le pilote attitré du jet ! |
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Je
voudrais terminer ce chapitre consacré aux Fouga Cm-170 Magister
de l’Avikat par une note ludique. De fait, quelle fut ma surprise
le jour où j’ai découvert sur le marché, une
boîte de construction de modèle réduit dans laquelle
il y avait la possibilité de décorer la maquette aux couleurs
de l’aviation katangaise avec les décalcomanies du KAT 92
… Comme quoi il avait marqué les esprits !!! |
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Nos
plus vifs remerciements à Jean-Pierre SONCK, pour ses photographies,
ses renseignements et ses conseils judicieux.
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